Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Rika Zaraf

4 avril 2016

Jean Dujardin ou le sexisme ordinaire

Partie 1 : Un résumé de la navrante interview du comédien parue dans le Elle n°3666

(lisible ici, vous verrez que je n'ai absolument et malheureusement rien inventé : http://www.elle.fr/People/La-vie-des-people/News/Jean-Dujardin-Avoir-une-fille-m-a-rendu-homme-3075271)


Jean Dujardin souhaite transmettre à ses adolescents de fils des valeurs telles que la persévérance, l’honnêteté et l'audace. Pour lui, c'est cela "être un homme". Tandis que le principal conseil qu'il donnera à sa fille de 3 mois est de sourire, tout en surveillant de près ses fréquentations (évidemment) masculines.

On apprend également qu'il trouve que ce n'est pas facile d'être un homme puisqu'il faut protéger sa femme, la suivre partout (WTF ?) et subvenir à ses besoins et ceux des enfants. Les femmes étant évidemment faibles par nature, et gagnant moins bien leur vie (quand elles travaillent).

Enfin, Jean Dujardin avoue qu'il ne sait pas trop ce que veut dire le mot "féminisme". Mais qu'on se rassure : il est pour l'égalité (le moins que l'on puisse dire c'est que ça saute pas aux yeux), ayant lui-même une mère, une femme et une fille. Ouf, on est sauvées !


Partie 2 : Réflexion et appel au soulèvement (carrément et sérieusement) ou, au moins, à arrêter les conneries (= acheter des magazines féminins)

Voilà ce qu'on peut encore aujourd'hui dire, entendre, retranscrire, publier, lire sans que ça ne suscite le moindre désaccord. L'interview est lamentable, l’absence de réaction tout autant. Une vision aussi datée et stéréotypée des sexes, de la famille, de l'éducation n'est absolument pas remise en cause, et elle semble même cautionnée par la majorité des gens. Elle est en tout cas totalement intégrée.

On savait que le magazine Elle (comme les autres féminins) n'était pas franchement progressiste, mais merde, finalement rien n'aurait changé depuis les années 50 ? Si, un peu moins d'écart de salaire, un peu plus de droits : pilule, avortement, c'est pas rien, c'est même beaucoup ... Mais dans le fond, dans nos têtes, toujours le même schéma, la même image des femmes et des hommes. Et toujours des femmes journalistes pour tenir le crachoir, poser des questions déjà complètement genrée et récolter des mollards désespérément sexistes, avec une complaisance qui donne la gerbe.

Franchement, tant que des centaines de milliers de femmes continuerons à acheter ce genre de torchon, à lire des articles aussi réac, tout ça sans la moindre étincelle d'indignation, sans un tout petit début d'analyse critique, vous pensez pas que c'est juste illusoire d'espérer l'égalité réelle, une révolution culturelle & sociétale, la remise en cause du modèle patriarcal ? A quoi sert cette presse sinon à perpétuer une docilité, une aliénation en apparence si douces qu'on n'en perçoit même pas la force ni la violence ?

Comment peut-on lire des propos pareils sans avoir une profonde envie de dire "stop", sans sentir la colère monter et l'envie de se révolter ? Bordel les meufs, réveillons-nous ! Gardons nos soutifs si on se sent mieux avec, mais brûlons ces putains de magazines et celles qui les écrivent !

Publicité
Publicité
Publicité
Archives
Publicité